Oui, j'ai énormément apprécié cette Voix des siècles.
Lorsque Louis Aragon naît, Victor Hugo est mort depuis 12 ans. Pas un souci pour Gérard-André. Il fait se répondre ces deux génies de la poésie...et de la littérature tout court, à la distance d'un siècle. Comme si l'un et l'autre avait pu se toucher, échanger des mots, boire un verre ensemble. Le résultat est tout simplement remarquable et poignant. Bluffant même. Pour celui qui connaît un peu, mais pas par cœur les deux poètes, il y a de telles similitudes, de telles réponses de l'un à l'autre, comme a capella, qu'il est parfois difficile de dire ce qui est de Louis, ce qui est de Victor. Louis Victor, Victor Louis. Et pour celui qui les connaît bien, c'est délectable à souhait. Un jeu des mots. Une sorte de jonglerie du verbe. Gérard-André a une présence en scène qui rend les deux génies présents. Chanteur, poète, diseur...avec une simplicité et une humanité étonnantes. Et une bonhommie, teintée d'espièglerie.
Et quand le spectacle se termine, on est encore bercé par les mots de Victor Aragon et de Louis Hugo. A moins que ce ne soit le contraire. Du très très beau travail. Les mises en musique, loin des adaptations connues du grand public de Ferré, Ferrat ou Brassens, sont comme évidentes. Elles épousent les mots. Et les mettent en avant. Et non le contraire.
Le temps est passé au-dessus de la Closerie, dimanche, sans que l'on s'en aperçoive. Même si, en chipotant, on aurait aimé que le rythme des enchaînements soit un peu plus dynamique. Mais là, il ne s'agît pas de l'interprétation de Gérard-André bien sûr, mais d'une facile petite rectification des éclairages et de la bande son.
Et puis ce théâtre RURAL est tellement lui-même empreint de poésie!
Bien à vous.
Bernard Guérin

6 novembre 2018